Saint-Chamand : Un quartier mosaïque en mouvement

JARDIN PARTAGÉ

« Du baume au cœur et de la nature au milieu du béton. »

C’est un havre de paix et de nature niché quasi incognito derrière la patinoire, entre un parking et une résidence. Créé il y a 3 ans par la Ville, le jardin partagé de Saint-Chamand fait le bonheur d’une dizaine d’habitants du quartier qui ont su transformer un ancien parking en potager abondant. « Citrouille, butternut, tomate, cébette, poivron, piment, courgette, aubergine, céleri branche, concombre, petit pois, menthe, coriandre… il y a tout qui pousse ici ! » se réjouit Fairouz Chohbane, responsable avec Mariame Saghir du jardin partagé, propriété de la Ville. Toutes deux possèdent les clés et peuvent y accéder quand elles veulent. « La mairie nous fournit le matériel, les engrais et l’eau via le bailleur social. » Fairouz et Mariame font partie du noyau dur de mamans du quartier qui ont transformé le jardin en véritable lieu de vie. « On discute, on fait des rencontres. Ça permet à certaines de sortir de chez elles, d’oublier les problèmes du quotidien, de décompresser. Il y a aussi toutes les générations ici : les enfants viennent nous aider et c’est une dame de 80 ans qui a planté toute seule les fèves ! » En somme, un « beau projet qui met du baume au cœur et de la nature au milieu du béton, conclut Fairouz Chohbane.

CHEZ BABEL

Du « Made in Saint-Chamand » jusqu’aux Champs Élysées !

Depuis 1999, Chez Babel confectionne des vêtements et accessoires Made in France de haute qualité. Cette entreprise, estampillée Atelier chantier d’insertion par l’État, emploie 19 salariés en insertion payés au SMIC. « Âgés de 18 à 65 ans, il s’agit pour beaucoup de mères isolées, de demandeurs d’emploi, d’allocataires du RSA… Notre objectif est de les aider à retrouver le chemin de l’emploi à l’issue de leur contrat qui peut aller jusqu’à 24 mois maximum » explique Rania Mallem, co-fondatrice et directrice. Un objectif largement atteint cette année : 100 % des salariés arrivés à échéance de contrat ont retrouvé un emploi ou une formation -un taux de réussite de 60% minimum étant imposé. « Nous fournissons aussi un accompagnement social, est assuré par un des nos 5 salariés permanents. » Soutenue par la Ville d’Avignon, le Grand Avignon, le Département et la Région, Chez Babel doit aussi répondre à des impératifs de chiffre d’affaire. Là aussi, les carnets de commande sont pleins. « La demande pour le Made in France est très forte. Nous travaillons avec une vingtaine de créateurs présents dans le Sud, d’Avignon, comme Petit Léon [magasin pour enfants rue Jospeh Vernet, NDLR], à Monaco, mais aussi à Paris » affirme Rania Mallem. Ainsi n’est-il pas rare de retrouver des pièces made in Saint-Chamand dans des boutiques des Champs Élysées. Un succès qui n’est pas prêt de faiblir… à tel point que les locaux de l’entreprise, qui occupent déjà deux étages au 4 rue Léo Larguier, commencent à se faire étroits. « On cherche à déménager mais, c’est sûr, on restera sur Avignon ! »

BOWLINGSTAR

Au cœur du quartier génération après génération

C’est une institution ! « Le bowling de Saint-Chamand a ouvert en 1966, le quartier n’existait même pas à l’époque ! Tout autour c’était des champs et la piscine était encore en construction », rappelle Noël Maîtrehenry, responsable de l’établissement depuis 2011. Lieu de loisir et de rencontre, le Bowlingstar est un acteur incontournable de la vie du quartier. « Deux, trois fois par an pendant les vacances scolaires, on accueille des jeunes de 10 à 14 ans qui viennent du centre social La Fenêtre pour suivre des initiations animées par le club Strike & Spare » cite comme exemple Noël Maîtrehenry. « Ce genre de projets, c’est important pour nous, on cultive ça » explique le responsable qui lutte à son niveau contre les a priori dont est parfois victime le quartier. « Les associations du coin ne sont pas toujours très bien reçues ailleurs. Je ne me vois pas dire aux jeunes de ne pas venir ici, au cœur de leur quartier. Et ça se passe très bien : certains que j’ai connu enfants sont aujourd’hui mes clients. » Hélas, les préjugés ont la vie dure : « Souvent, on m’appelle avant de venir pour me demander si ça ne « craint » pas de garer sa voiture sur le parking… Et je rassure le client en lui disant qu’il n’y a jamais de problème. La preuve, c’est que le club de bowling du Pontet préfère s’entraîner ici alors qu’il y a un autre Bowlingstar là-bas ! » Outre le bowling, l’emblématique établissement de Saint-Chamand met à disposition des tables de billard et propose des soirées karaoké et des cours de danse organisés par les associations des Jeunes Danseurs avignonnais et Salsapills.

GASTON, CONSEILLER DE QUARTIER 

« On sent qu’on est utile. »

À 60 ans, Gaston Rabemitsinjo est conseiller de quartier de Saint-Chamand depuis 2014. « La Ville fait appel à nous quand il y a des réunions sur l’aménagement du quartier, comme par exemple le projet de destruction de bâtiments [dans le cadre du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain, NDLR]. On fait remonter les doléances du terrain, on nous écoute. On a des réunions aussi quasi chaque mois avec la police… On sent qu’on est utile », affirme celui qui habite le quartier depuis 2011. En tant que conseiller, Gaston a également participé à l’élaboration du jardin partagé du quartier, en collaboration avec la Ville et les habitants. « On participe à l’animation de Saint-Chamand lors des fêtes de quartier et des fêtes des voisins, et on met en place des activités comme des opérations de nettoyage. C’est aussi à nous, habitants, de rendre Saint-Chamand plus agréable. »

ÉCOLE DE COUBERTIN

L’important, c’est de participer !

315 enfants du quartier Saint-Chamand -et des alentours- sont scolarisés à l’école élémentaire Pierre de Coubertin. À sa tête depuis trois ans, Ludovic Chéreau. « Je connais très bien le quartier puisqu’avant d’être directeur, j’ai enseigné ici pendant 15 ans. Notre équipe est d’ailleurs très stable : nous avons les mêmes instits depuis 10 ans. Nous avons ainsi créé un véritable lien avec les familles. » Un lien essentiel dans ce quartier prioritaire. « On travaille en partenariat avec le centre social La Fenêtre pour accompagner les familles qui ont des difficultés dans certaines démarches, comme récemment avec les inscriptions pour la cantine sur Internet, à cause de la fracture numérique ou parce qu’elles ne maîtrisent pas encore bien le français. J’essaie au maximum de les aider », affirme le directeur. Côté scolarité, le quartier recèle d’équipements sportifs de qualité dont les élèves profitent au maximum. Demi-heure de pratique quotidienne, activités physiques pendant le temps périscolaire, cross, course ELA contre la leucodystrophie… le sport occupe une place de choix à la bien-nommée école de Coubertin. Mais pas uniquement : « 15 élèves participent au projet Démos* avec de très bons résultats, se félicite le directeur. Côté culture, il y a aussi la Compagnie Chantier Public qui intervient pendant le périscolaire et on participe à la semaine flamenco. Et puis on a pour projet de relever le défi inter-écoles Mon Écol’O en sensibilisant aux éco-gestes. »

*Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale mené avec l’Orchestre national Avignon-Provence et soutenu par la Ville d’Avignon

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