Tout commence en 2020 pendant le confinement. Des anciens de la MJC Avignon créent une page Facebook pour partager des photos de l’époque où le club était actif, soit de 1964 à 2004. Parmi ces anciens, Frédéric Bouchet, qui fut licencié durant quelques années. « Ce qui est frappant, c’est que 20 ans après la fin, énormément de nostalgie a rejailli de ces 40 ans. On s’est réuni et on a décidé de faire des entretiens avec ceux qui étaient là dès le début. À l’issue de l’un d’entre eux, je me suis dit qu’il fallait absolument laisser une trace de tout ça. » L’idée d’écrire un livre sur la « belle histoire » de la MJC Avignon est née. Un club issu de la fusion en 1964 des équipes jeunes de la toute récente Maison de la Jeunesse et de la Culture de la Croix-des-Oiseaux (un quartier lui-même neuf) et de l’US Rotondes, créée par un paroissien de l’église du Sacré-Cœur, André Solier. Ce dernier donne au nouveau club un credo : « Former des hommes avant de former des sportifs ». « Il était plus important pour nous de respecter l’adversaire et l’arbitre que de gagner, se rappelle Frédéric Bouchet. Les valeurs humaines et morales étaient prépondérantes. C’est incroyable comme ça a marqué ma personnalité. Il y avait beaucoup de travail et beaucoup de camaraderie. »
Créateur de lien social
Portée par des cadres investis (René Blum, René Riefa), la MJC Avignon fait très vite parler d’elle à travers des réussites individuelles (titres de meilleurs jeunes joueurs). Le club, qui attirait jusqu’alors des jeunes du quartier, draine désormais des footballeurs en herbe de tout Avignon et du Vaucluse. Un succès amplifié une fois Laurent Paganelli, formé à la MJC Avignon, devenu le « petit Mozart » des pelouses. En 40 ans, le petit club de la Cité des Papes a formé une trentaine de professionnels : Eric Di Meco, Younes Belhanda, Samuel Gigot, Thomas Mangani, Anthony Briançon, pour ne citer qu’eux. La MJC s’illustre également à travers le tournoi international organisé dès 1972 à chaque Pentecôte pendant 25 ans. « On a par exemple accueilli la Juventus, se souvient Frédéric Bouchet. C’était le temps fort de la saison : dirigeants, bénévoles, parents s’investissaient beaucoup dans l’organisation. » En parallèle du calendrier sportif, le club a été un puissant créateur de lien social. « Il y avait des lotos, des soirées. Ça unissait les générations. Le club, c’était la maison. »
Faire des émules
La fin survient lorsque la MJC Avignon fusionne avec le FC Avignon pour donner naissance au Avignon Foot 84. « Ça partait d’un bon sentiment mais la mayonnaise n’a pas pris. » L’air du temps avait déjà changé. Le foot business avait pris le dessus. « Les jeunes ne faisaient plus le cycle complet comme auparavant… Ils venaient faire 2, 3 ans dans l’espoir d’être repérés, poussés par des parents qui voyaient dans la future réussite individuelle de leur petit la chance de sortir de leur condition. Quand bien même, les dirigeants ont su maintenir l’esprit de la MJC jusqu’à la fin. » La fin d’une belle aventure humaine et sportive retracée au fil des 242 pages de « L’éthique avant la victoire ». Un livre nullement passéiste selon Frédéric Bouchet. « Au contraire, on espère qu’il suscitera des ambitions. On y donne des pistes pour inspirer ceux qui souhaiteraient monter de nouveaux projets. »
300 : C’est en moyenne le nombre de licenciés que comptait le club chaque saison
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